Le groupe Adecco vient de partager son rapport Global Workforce of the Future 2023 dans lequel une partie est consacrée à l'intelligence artificielle et au recrutement. L'étude a été réalisée auprès de 30 000 travailleurs issus de 23 pays (dont la Belgique). En voici quelques points d'attention.
Une confiance mitigée en l'IA
De manière générale, il ressort que les travailleurs (64%) font confiance à l'IA pour trouver des opportunités d'emploi mais l'humain, le recruteur reste la personne idéale pour faire passer les entretiens. Ils préfèrent l'expertise humaine pour évaluer leur potentiel et leurs capacités.
En fait, la confiance en l'IA est davatange accordée en ce qui concerne le matching de candidats avec des postes vacants, la sélection d'offres d'emploi ou la description de postes bien spécifiques et précis. Pour d'autres aspects, les travailleurs sont moins enclins à se fier à l'IA : par exemple lorsqu'il s'agit de décider quels candidats passent un entretien, de juger la performance d'un entretien ou encore d'évaluer la pertinence d'une expérience professionnelle.
Si on jette un coup d'oeil aux chiffres : 24% des travailleurs font peu ou pas du tout confiance à l'IA pour évaluer leur performance en entretien. Lorsqu'on leur demande pourquoi : 42% d'entre eux déclarent douter de la capacité de l'IA à percevoir les signaux non verbaux. 32% déclarent ne pas comprendre comment l'IA pourrait les identifier comme de bons candidats.
En bref, l'IA est perçue comme un outil permettant de mettre en relation des candidats avec des opportunités, ces derniers faisant confiance aux recruteurs pour l'utiliser en tant que tel. Mais les résultats de l'étude suggèrent également que ce secteur n'a pas encore atteint le stade de confiance ultime étant donné qu'il y a une défiance vis à vis de l'IA et sa capacité à prendre en charge les aspects les plus complexes du recrutement qui reposent sur le jugement. Autrement dit, les compétences exclusivement humaines restent très certainement la pierre angulaire d'un bon recrutement.
Le rapport indique par ailleurs que le degré de confiance envers l'IA varie selon le niveau d'éducation et la géographie des travailleurs. Ceux ayant un faible niveau d'éducation sont plus sceptiques quant à l'évaluation de leurs compétences par l'IA. 57 % font confiance à l'IA, mais ce chiffre atteint les 39 % chez ceux ayant un diplôme secondaire, contre 65 % chez ceux ayant un diplôme universitaire.
La confiance varie aussi selon les pays. En Belgique, seulement 12% des travailleurs (sur un échantillon de 511 personnes) voient l'IA comme une forme de discrimination envers eux-même ; la moyenne générale, tous pays confondus, étant de 14%.
Que peuvent en retenir les employeurs ?
- investir dans l'IA dans son recrutement pour accroître l'efficacité, mais être transparent avec les candidats sur la manière dont l'IA est utilisée, afin d'instaurer la confiance ;
- veiller à ce que chaque candidat ait accès à la technologie utilisée et se sente à l'aise et confiant dans son utilisation ;
- le recrutement ne doit pas être basé uniquement sur les compétences et l'expérience. Pour évaluer le plein potentiel d'une personne, il est préférable de faire appel à des recruteurs humains plutôt qu'à des solutions d'IA.